LE MONACHISME, SOURCE PUREMENT ÉVANGÉLIQUE ?

LE MONACHISME, SOURCE PUREMENT ÉVANGÉLIQUE ?

Le monachisme peut être compris comme un type de vie, une forme de vie d’ensemble dans un monastère. De son étymologie grecque ‘’monos’’ qui, en latin devient « monachus », le moine signifie seul et unifié. Ceci témoigne de la vie et de la vocation des premiers religieux chrétiens. C’est alors un type particulier de vie qui consiste à vivre seul et en même temps unifié à une communauté et/ou à un Idéal, c'est-à-dire à un être suprême. Il est cette vie dans laquelle l’on se voue à la perfection de soi et à la séparation d’avec la vie du monde. Notre étude ici ne consiste pas à faire une apologie du monachisme, mais à analyser s’il tient ses sources uniquement des conseils évangéliques. Elle est donc analytique et critique. Sans aucun risque, nous nous permettons de donner une hypothèse selon laquelle le mode de vie monachique peut bien tirer son origine des écrits évangéliques que du mode de vie des esséniens. Une telle hypothèse se veut bien studieuse. Nous avons donné une limite à notre étude ; ce qui donne occasion à nos lecteurs le libre choix d’approfondir et d’apporter de nouvelles idées dans cette étude.

Le monachisme chrétienne révèle que le moine, sinon chacun des moines cherche à vivre dans une relation personnelle avec le Christ. Les écrits évangéliques ont montré de long en large comment Jésus se retirait dans le désert, dans les montagnes pour communiquer avec son Père. Il n’a pas manqué d’enseigner aux siens comment il faut jeuner pour ne pas céder aux tentations et vaincre les esprits impurs. C’est dans ce schéma que les moines ont opté pour la vie de l’éloignement du monde dans l’ascèse, et ainsi apparait le sens du monastère. L’ascèse est l’un des exercices spirituels qui permettent au moine de se purifier de ses péchés et de vivre en relation spirituelle avec le Christ. Et vivant l’ascèse, le moine se rend capable de défier tout esprit impur qui rode dans le monde pour distraire, détruire et déranger la vie des enfants de Dieu. L’autre caractéristique du monachisme est la vie en communauté qui tire également son essence de Jésus. L’ermitage est ce mode de vivre isolé du monde pour mieux rester en communion avec Dieu ; ce que nous pouvons également retrouver dans la vie terrestre de Jésus, mais d’une autre manière. Il vivait au milieu du peuple, mais allait se ressourcer quand il en a besoin. De ces observations, qui sont la vie d’ermitage et communautaire, nous pouvons comprendre la vie monachique comme ayant sa source dans les Evangiles. Mais purement ?

A cette question, à notre avis, il convient de dire que les Esséniens menaient déjà, avant l’ère chrétienne, une vie monastique. Ainsi, retrouve-t-on des points communs entre le monachisme chrétien et l’essénisme, comme par exemple la vie communautaire, les travaux communautaires, les prières à des heures structurées de la journée et de la nuit, pour ne citer que ceux-ci.

In fine, le monachisme est cette vie de solitude et de contemplation, d’ascétisme et de mysticisme, qui tient ses sources bien évangéliques que non évangéliques. Dire que ses sources sont purement évangéliques, c’est ignorer le rôle que les prédécesseurs de Jésus ont joué dans l’instauration de ce type de vie. Affirmer qu’il n’a rien d’évangélique, c’est aussi minimiser les enseignements reçus de la vie de Jésus qui est d’une importance non négligeable dans le monachisme.

Hyacinthe KPOMADJE